Pour Périclès Korovessis, décédé le 11 avril 2020 à Athènes

Comment dire, sobrement, mon émotion ?

21 avril 1967 : coup d’Etat en Grèce et sept ans de dictature des colonels.

Périclès, poète et militant, est arrêté, torturé et déporté dans un bagne sur l’Ile d’Egine. Libéré quelques mois plus tard, il quitte la Grèce pour la Suède avec sa compagne d’alors que j’ai connue sous le nom de Lili. Tous deux regagnent Paris. En 1969, Périclès publie La Filière, témoignage sur les tortures en Grèce.

Je ne me souviens plus avec précision des circonstances de notre première rencontre, en tête-à-tête et à sa demande, à l’automne 1971. Je me souviens seulement à quel point je fus impressionné. Nous avons alors discuté du soutien que pouvait lui apporter Révolution ! , l’organisation, issue d’une scission de la Ligue communiste, que je contribuais à animer et avec lequel un groupe d’exilés grecs sympathisait. Un soutien modeste mais effectif, auquel ont contribué, plusieurs camarades, parmi lesquels, entre autres, Bernard Dréano et Jean-François Hersent.

Après la chute de la dictature, il est retourné en Grèce et je l’ai alors perdu de vue, informé par intermittence de la poursuite de son combat. C’est ainsi que j’appris qu’il était devenu, en 2007, député de Syriza, qu’il devait quitter avant même le retournement de Tsipras.

Les derniers souvenirs datent de l’été 2015 et d’un séjour à Akrata où Périclès passait ses étés. Jean-François Hersent et Sylvie y séjournaient eux aussi. Notre séjour, avec Aude, ma compagne, fut amical et alcoolisé. Un séjour dont il est resté, en gage de fidélité militante, un entretien préparé par Périclès que j’ai accordé au « Journal des rédacteurs » (« Η Εφημερίδα των Συντακτών ») : un quotidien grec autogéré auquel Périclès, qui en fut l’un des fondateurs, a contribué jusqu’à son décès. Autre gage d’amitié et de fidélité : le projet d’un entretien, concocté par Jean-François et Aude, sur l’art et la résistance antifasciste à publier dans la revue du CERMI [1]. Périclès avait donné son accord, et…

J’aimais cet homme

Notes

[1Le Centre d’Études et de Recherche sur les Migrations Ibériques (CERMI), auquel Aude participe publie la revue Exils et migrations ibériques aux XXe et XXIe siècles

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